Faire vivre les arts et traditions populaires de l’Aubrac, voilà l’objectif que s’est fixé notre groupe folklorique, Lous Oyolos, depuis sa création à Laguiole en 1963. Sa fondatrice, Germaine Ginisty, avait la volonté de retrouver les origines du folklore du Haut-Rouergue de la fin du dix-neuvième et du début du vingtième siècle, à travers des documents et des photos anciennes.
Son successeur, Pierre Conquet, dont le patois enraciné dans ce terroir fait revivre le passé des générations disparues, a poursuivi cette mission avec passion jusqu’à l’arrivée de l’actuel président, le cabretaïre Gilles Cassagnes. Ce dernier perpétue désormais la tradition avec une équipe jeune et dynamique.
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Nos costumes
Nous portons le costume traditionnel des paysans de l’Aubrac à la fin du XIXe et du XXe siècle. Leurs tenues de sortie et des jours de fête étaient confectionnées avec les matières premières de la région : laine, chanvre et lin.
L’Aubrac est un haut plateau qui culmine à 1469 m d’altitude, le climat est rigoureux, particulièrement l’hiver. Les costumes étaient sobres, austères et de couleur foncée. Nous nous efforçons de conserver cette authenticité.
Les dames portaient une robe de couleur sombre et discrète, qu’elles recevaient le jour de leur mariage et qui durait toute leur vie. Cette robe avait de nombreux plis à la taille, afin de pouvoir la faire évoluer avec les aléas de la vie. Un châle de laine ou cachemire sur les épaules et un chapeau de paille, « la paillole », porté au-dessus d’une coiffe de coton venaient compléter leur tenue. Elles gardaient leur coiffe à l’intérieur de l’habitation et sous la robe, elles portaient des jupons en coton et dentelles.
L’hiver, elles portaient des dessous en laine, auxquels elles ajoutaient un pantalon fendu au nom évocateur de « pissodritch » (pissa drech). Les mitaines permettaient de se protéger du froid, tout en gardant les doigts libres pour assurer les tâches ménagères. Les dames de familles aisées portaient autour du cou un Saint-Esprit, bijou traditionnel auvergnat.
Les hommes, quant à eux, portaient des pantalons de coton gris rayés noir et blanc, et par-dessus une grande blouse de lin noir, la blaude (blauda), que certains portaient encore il y a quelques décennies sur les champs de foire. Le « mouchadou » (mochador) se portait en foulard autour du cou et un grand chapeau de feutre noir à large bord leur servait à la fois de parapluie et de parasol !
Nos musiciens et leurs instruments
Notre groupe a la chance de compter une dizaine de musiciens, jeunes et anciens, joueurs de cabrettes, joueurs d’accordéons diatoniques et chromatiques et parfois chanteurs.
Les accordéons chromatiques utilisés sont, pour certains, des instruments anciens, remontant aux années 1930, qui restituent parfaitement l’ambiance sonore des bals d’antan. L’accordéon diatonique, plus petit, trouve son origine en Autriche, au milieu du XIXe siècle. Il a permis au fil du temps la popularisation de nombreux airs à danser, venant de l’Europe entière, que les Aveyronnais et les Auvergnats ont su acclimater à leur folklore.
La cabrette (cabreta) est la cornemuse du pays. Son sac, revêtu d’un riche velours rouge, est fait de cuir de chèvre, d’où son nom. Ses tuyaux mélodiques, généralement en ébène ou en fruitier, sont ornés de bagues d’ivoire ou de corne et sont surmontés d’une tête représentant des personnages ou des animaux. Elle est l’héritière d’une longue tradition de cornemuses européennes et fut améliorée à Paris au XIXe siècle par la communauté des Aveyronnais et des Auvergnats. Ils étaient en effet nombreux à émigrer « à la Capitale » pour gagner leur vie et s’éloigner des conditions hivernales difficiles qui régnaient alors sur nos régions.
En se parant des atours de la cornemuse de cour, la cabrette a gagné le nom de Musette, et elle fut à l’origine du célèbre « bal-musette ». Outre les airs de danses où la cabrette accompagne les accordéons, son répertoire s’enrichit de mélodies lentes et mélancoliques appelées « regrets » et de nombreux airs de cérémonie comme les marches nuptiales.
Nos danses
La danse emblématique de l’Aubrac est la « bourrée ». Faite de grâce et de rudesse, elle se caractérise par la vigueur de ses mouvements et la régularité des rythmes.
Garçons et filles évoluent sur ces rythmes en poussant de joyeux « ohucs », cris de joie que les bergers avaient autrefois l’habitude de pousser pour communiquer de buron en buron sur le plateau de l’Aubrac ; ces cris ponctuent aujourd’hui nos danses.
La bourrée simple se danse à deux, mais aussi en ligne ou en cortège. Elle a pu, au fil du temps, évoluer en s’inspirant des contredanses aristocratiques, pour donner des formes en figures, à 4, à 6 ou à 8. Elle peut être dansée en rond, elle peut être droite, latérale, tournée ou même valsée.
De la bourrée Montagnarde (montanharda) à la Crousade (crosada), de la Quadrette (quadreta) au Brise-pieds (brisa-pè), de l’Escloupette (esclopeta) à la Tournijaïre (tornijaira), c’est une diversité dans la figuration qui fait que la bourrée ne lasse jamais ni danseurs, ni spectateurs.
Au cours de l’histoire, le répertoire dansé de l’Aubrac a su intégrer des danses venues d’ailleurs. La Polka et la Mazurka, apportées peut-être de Pologne par les armées napoléoniennes; la Scottisch, venue probablement d’Écosse à la même époque; la Valse, héritée des bals Viennois… Une succession de modes anciennes, adoptées par les danseurs et musiciens locaux, dans une tradition vivante !
L’ardeur au travail et la joie de vivre des habitants de ce pays s’exprime par l’exécution des danses typiques, puisées dans le répertoire du folklore local : la bourrée, évidemment, mais aussi ces polkas ou scottisch, survivances des modes successives apportées par la riche histoire de l’Europe. Les danses s’enracinent également dans les traditions des villageoises et des villageois, qui, se retrouvant pour les grands travaux des foins ou des moissons, ne voulaient pas se séparer sans avoir dansé la Galinette, le Salto l’Ase, la Crouzade ou la Tournijaïre.
Nos pitchounets
Depuis de nombreuses années, une section enfantine, véritable école de folklore, a été mise en place, dans un premier temps sous la houlette d’Evelyne CONQUET. Marie-Claude et Astrid BRAS lui ont succédé, dans le but de maintenir notre patrimoine culturel et de le transmettre.
Le pari est gagné car ce groupe de jeunes est fort de plus de 40 membres ! Des répétitions de différents niveaux ont lieu deux fois par mois. Ces jeunes participent à nos spectacles, et dansent la bourrée à quatre, le salto l’ase, la polka des bébés, la polka piquée, le chibroli et l’escloupette… Ils intègrent le groupe à l’âge de 6 ans.
Espérons qu’ils transmettront à leur tour ce patrimoine culturel aux générations futures pour que résonnent encore longtemps sur les montagnes avec les ohucs, le son de la cabrette et de l’accordéon.